Sciences et religions :
Journée d'étude : Le regard scientifique sur la nature, chemin ou obstacle vers Dieu ?
Dieu caché et Dieu révélé dans la création : le paradoxe du retrait créateur.

Professeur Emmanuel Gabellieri, université catholique de Lyon, philosophie

Université Catholique de Lyon (UCLy)



 

La vraie définition de la science, c'est qu'elle est l'étude de la beauté du monde.

Dès qu'on y pense, c'est évident. La matière, la force aveugle ne sont pas l'objet de la science. La pensée ne peut les atteindre; elles fuient devant elle. La pensée du savant n'atteint jamais que des relations qui saisissent matière et force dans un réseau invisible, impalpable et inaltérable d'ordre et d'harmonie. "Le filet du ciel est vaste, dit Lao-Tseu; ses mailles sont larges; pourtant rien ne passe à travers."

Comment la pensée humaine aurait-elle pour objet autre chose que de la pensée? C'est là une difficulté tellement connue dans la théorie de la connaissance qu'on renonce à la considérer, on la laisse de côté comme un lieu commun. C'est que l'objet de la pensée humaine est, lui aussi, de la pensée. Le savant a pour fin l'union de son propre esprit avec la sagesse mystérieuse éternellement inscrite dans l'univers. Dès lors comment y aurait-il opposition ou même séparation entre l'esprit de la science et celui de la religion? L'investigation scientifique n'est qu'une forme de la contemplation religieuse (E329).

Simone Weil, L'Enracinement: ou Prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain