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Foi, culture et société

- les chrétiens sont-ils à part ?

A partir de la lettre d'un chrétien « A Diognète », notable romain du second siècle                                       

La culture occidentale post-moderne regarde les religions, et singulièrement le Christianisme, comme des obstacles à la vie commune. Comme si croire en Dieu empêchait de vivre des liens cordiaux et solidaires dans la société...ce n'est pas nouveau !

UniversalitéAu second siècle, une lettre adressée par un chrétien anonyme à un homme sans doute influent de la société romaine, Diognète, pose la question de la différence chrétienne. Ce texte a gardé, avec les adaptations nécessaires, toute sa pertience en un temps où les revendications identitaires et les communautarismes mettent à mal les fragiles équilibres sociaux dans la cité.

 Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier... Ils aiment tout le monde, et tout le monde les persécute…ils sont pauvres et font beaucoup de riches…on les insulte et ils bénissent…

Texte complet :
http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010522_diogneto_fr.html

Avez-vous remarqué combien cette lettre, sans le citer, est pleine de l’évangile ?

Jésus ne nous a pas laissé un enseignement moral tel que nous l’entendons aujourd’hui. Cependant, ses enseignements aux disciples sont une source intarissable pour inspirer l’agir chrétien aujourd'hui. Le Sermon sur la montagne en est le parfait exemple : Il commence par les Béatitudes !

Jésus proclame l’Évangile, c'est-à-dire l’Heureuse nouvelle que l’homme est sauvé. C’est pourquoi, il déclare heureux tous ceux qui vraiment, accueillent cette nouvelle. C’est une invitation au bonheur. Et cette invitation au bonheur porte avec elle les plus hautes exigences morales : que votre justice surpasse celle des pharisiens….soyez parfaits comme votre Père du ciel…

Les disciples sont « le sel de la terre, la lumière du monde ». Pour eux,  Jésus rappelle qu'une observance religieuse est inutile si elle ne consiste qu’à prouver à  chacun sa force morale et à s’en enorgueillir. Je suis capable de jeûner, je suis capable de donner le dixième de mes revenus, je suis capable de renoncer à l’électricité à Shabbat, je suis capable de….

Jésus reconduit au cœur de l’appel à la sainteté : « On vous a dit, moi je vous dis ! ». Si nous écoutons Jésus, les destinataires du sermon sur la montagne que nous sommes aujourd’hui porteront des fruits excellents : l’amour de Dieu et l'amour du prochain qui atteint son paroxysme dans l’amour des ennemis et l’inconditionnalité du pardon mutuel. Le vrai trésor ne s’accumule pas sur la terre : le disciple est donc libre, chacun de nous est infiniment libre pour aimer et pour pardonner ; pour oser une vie avec le Christ et pour partager.

Tout l’enseignement est finalement résumé dans la « Règle d’or » qui est la règle pratique et simple de discernement pour tous : Règle d’or qui se décline sous deux faces :

L'une est positive et dit une injonction : 

ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse

L'autre est positive, théologale et jamais totalement accomplie : 

ne faites pour les autres, tout ce que vous voudriez qu’on fasse pour vous !

Finalement, y a-t-il autre chose dans cette lettre écrite pour défendre les chrétiens contre toutes les calomnies dont ils faisaient ou font encore l’objet.

Sociologiquement : rien ne distingue les mœurs des chrétiens : si vous comparez avec l’Islam, ou le Judaïsme orthodoxe, ou certaines formes du Bouddhisme ou de l’Hindouisme, l’appartenance au Christianisme se fond dans la société : pas de pratiques alimentaires, vestimentaires, claniques ou autres qui « sépareraient » les chrétiens des autres

Spirituellement, c’est tout autre chose et c’est peut-être là une difficulté pour nous :

« Du moment que vous êtes morts (par le baptême) avec le Christ, et donc soustraits aux éléments du monde, pourquoi vous plier à des règles comme si votre vie dépendait encore du monde : ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ; tout cela pour des choses qui se décomposent à l’usage : voilà bien des commandements et les doctrines des hommes ! Ils ont beau faire figure de sagesse, religion personnelle, dévotions, ascèse, ils sont dénués de toute valeur et ne servent qu’à contenter la chair ! (Comprenez : l’angoisse d’être accepté par Dieu, l’orgueil d’y arriver). Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez ce qui est en haut…vous êtes morts en effet et votre vie est cachée avec le Christ, en Dieu. Quand le Christ votre vie paraîtra, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire" (Colossiens 3)                                                                                                        

Pourquoi cela fait-il difficulté ? Parce que ça ne se voit pas ! Le chrétien habite sa propre vie de l’intérieur, là où son Père le voit dans le secret. Jeûner, partager, prier, pardonner, se contenter de son juste salaire, …sans y être obligé, sans le montrer, en se laissant conduire par la douceur du Saint Esprit ! Personne ne nous le rappelle ni ne nous y contraint : grande différence entre le carême et ramadan par exemple.

Notre pratique n’est pas d’abord un jeûne rituel ou un partage annuel : elle épouse notre vie familiale et professionnelle, notre manière de faire des affaires, des acquisitions personnelles, de pratiquer la politique, de renoncer à l’argent facile qui contribue aux injustices, de participer à la vie sociale : « Là est le jeûne qui me plait » dit le Seigneur.

Mais ne méprisons pas pour autant les pratiques visibles et sociales d’autres croyants : eux aussi, et ils le savent bien, sont invités à intérioriser ce qui leur est demandé extérieurement. Il y a une spiritualité très belle du ramadan ou des mitsvots juifs. Et nous chrétiens, qui agissons dans la discrétion au risque d’oublier d’agir, est-ce que nous jeûnons encore vraiment ? Nous pouvons accueillir avec profit ces rappels venus d’ailleurs, « ces rayons de la vérité » que le Concile Vatican II a reconnus aux autres religions.

 

 

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