- Un peintre "nabi"

Maurice Denis, la foi en couleurs

        « L'art est la sanctification de la nature »

En 1885, à l'âge de quinze ans, Maurice écrit dans son journal : « Oui, il faut que je sois peintre chrétien, que je célèbre tous ces miracles du Christianisme, je sens qu’il le faut ». Il a certes abondamment mis en image le mystère pascal du Christ et la prière chrétienne. Mais plus fondamentalement, sa recherche humble de la couleur simple, de la lumière et des lignes qui s'affirment sans enfermer, toujours reconduisant le regard vers l'intérieur, est acte de foi perpétuel. Le peintre accueille le don de la nature et des personnes, de leur beauté, comme le don du ciel.

Maurice Denis, Pastorale, 1913

Le mouvement Nabi (de l'hébreu nebiim, ou voyant, ou encore prophète) est né à la fin du Dix-neuvième siècle en réaction à un certain académisme qui traversait à peu près toutes les écoles. Il rassemblait des artistes cherchant une dimension spirituelle, voulant "donner une âme" à la peinture. Maurice Denis, chrétien fervent, en fut le théoricien, mais sans renoncer à d'autres formes. Avec Gaugin, et le mouvement de Pont-Aven, il opta pour la couleur et les lignes affirmées. Son art est ecléctique et déborde largement les classifications.

Le mouvement nabi fut d'asez courte durée. Mais résolument moderniste, il introduisit l'Art Nouveau.

Saintes Femmes au tombeau, 1994